Apostrophes
Je me décide ce soir à vous faire entrer dans mon univers littéraire (vous en avez de la chance!)...
Jacques Perret pense que le char du progrès n'est plus maître de sa course et c'est pourquoi il s'amuse à lui mettre des Bâtons dans les Roues (extrait).
"L'art qui fut jadis la chose du monde la plus répandue, a besoin de toutes les complicités pour survivre tant soit peu dans la marée du collectif qui charrie le mauvais goût en gros et en détail.
Ce disant il va de soit que je m'abandonne au préjugé réactionnaire de l'humanité en marche, coude à coude, au pas gymnastique et fonçant dans le brouillard avec la lumière dans le dos; et même à l'instinct populaire qui se met en boule devant n'importe quel novateur sans pouvoir imaginer qu'il sera glorifié demain.
Je me fiche un peu de l'opinion de demain.
Demain n'est pas tout cuit et demain peut se mettre le doigt dans l'oeil.
On fait toujours juger hier par demain; le contraire serait très instructif aussi.
Peut-être que le vice et la vertu sont également répartis à travers les siècles, je n'en sais rien, mais pour ce qui est des arts il y a eu des trous et nous en prévoyons de fameux; il se peut même que l'art ne soit pas immortel et, si ça se trouve, il est mort depuis longtemps.
Bien des morts de ce genre passent inaperçues à la faveur des fantômes qu'elles nous laissent.
J'envisage de plusieurs façons la mort de l'art, à commencer naturellement par l'asphyxie rationnelle des artistes sous le poids du social.
Je ne tiens pas à vous décrire la chose dans ses horribles détails.
Mieux vaut parler du véritable amateur qui réussira bien à se débrouiller dans un monde sans artiste, pour peu qu'il y ait encore, de-ci de-là, quelques nuages dans le ciel ou trois pommes sur le coin d'une table; et dans l'hypothèse où ces contemplations lui seraient refusées, il aura toujours à sa disposition un intarissable trésor dans la doublure de ses paupières."
Et voilà de quoi illustrer cette tirade...
Vous aurez compris que je suis plus
, ou
que
, ou
...